Il a fait de la lutte contre les discriminations son cheval de bataille. Depuis la publication en 2005 de son livre « Discriminez-moi. Enquête sur nos inégalités« , Karim Amellal milite pour la mise en œuvre de politiques publiques en faveur de l’égalité des chances.
A Sciences Po © Maxppp
Enseignant et écrivain, Karim Amellal est aussi un homme de terrain. Il est l’un des membres fondateurs du collectif Que fait la France, créé au lendemain des émeutes de novembre 2005.
Né à Paris d’une mère française et d’un père algérien, Karim Amellal grandit en Algérie. « J’ai vécu une grande partie des années 80 en Algérie. Et on est parti au début de la guerre civile (en 1988). Je fais partie de cette génération d’enfants et de parents qui ont quitté précipitamment l’Algérie. Toute cette cohorte d’intellectuels, de médecins, de journalistes… qui étaient directement menacés par les islamistes. C’était un départ précipité. Il fallait déménager en deux jours, tout vendre, tout brader et tout reconstruire du jour au lendemain. »
De Garges-lès-Gonesse à Sciences Po
L’arrivée en France sera difficile. Toute la famille change de vie. Son père, haut fonctionnaire en Algérie, se retrouve tenancier d’un bistrot de quartier. Dans sa cité de Garges-lès-Gonesse, il découvre une économie parallèle, celle des petits trafics et de l’argent facile. Mais Karim est un élève modèle. Après avoir passé le bac dans son lycée de Gonesse en banlieue parisienne, il décroche une place en hypokhâgne au lycée Lamartine à Paris. Un an plus tard, il réussit le concours d’entrée à Sciences Po.
« Pour la petite histoire, quand j’étais à Sciences Po, j’habitais encore dans la banlieue nord. Je prenais le RER D tous les matins et tous les soirs. C’était horrible. Il m’arrivait des tonnes de trucs, des galères… Je me suis fait défoncer la tête la veille de mon « Grand O » à Sciences Po où je suis arrivé avec du sparadrap autour de la tête. Enfin c’était horrible. C’est pour ça aussi que j’ai passé les écoles de commerce. Malgré tout, je me suis dit : il faut que je sorte de cette merde. »
« Je n’ai pas écrit ce livre par hasard »…
Après Sciences Po, Karim réussit le concours d’entrée à l’ESCP, l’une des meilleures écoles de commerce françaises. Nous sommes au début des années 2000, ses diplômes en poche, Karim décroche son premier job dans la finance à Londres, une expérience qui lui fait comprendre que sa voie se trouve ailleurs.
En 2004, au moment de l’affaire du voile islamique, lorsque l’Assemblée débat sur un nouveau texte de loi pour légiférer sur les signes religieux ostentatoires à l’école, Karim Amellal commence à écrire son premier essai : Discriminez-moi. Enquête sur nos inégalités. « Même si je n’ai jamais été une victime du racisme ou de discrimination raciale, je n’ai pas écrit ce livre par hasard. Dans ce livre, je raconte un certain nombre de choses qui me sont arrivées. » Suite à la publication de ce livre, Karim Amellal est invité à créer un nouvel enseignement à Sciences Po.