Dans une noté parue le 12 juillet, la Banque d’Algérie dresse un constat accablant de la situation économique du pays, confrontée à une crise majeure liée à la chute des cours des hydrocarbures. Confirmant les précédentes estimations du CNIS, la Banque d’Algérie indique que les recettes de pétrole et de gaz ont ainsi diminué de près de 50% entre 2015 et 2014, passant de 15,6 milliards de dollars en mars 2014, à seulement 8,7 milliards de dollars au premier trimestre 2015.
Avec un budget dépendant à 60% du prix des hydrocarbures, l’Algérie se retrouve, dès que les cours baissent, dans une situation financière délicate. C’est aujourd’hui le cas, ainsi que ne cessent de le marteler de nombreux économistes et experts depuis plusieurs mois. Le prix moyen du baril de pétrole a en effet été divisé par deux en un an, passant de 109 dollars au premier trimestre 2014 à 54 dollars au premier trimestre 2015. Et quand les prix chutent, la balance des paiements, qui enregistre les transactions de l’Algérie avec ses partenaires commerciaux, s’effondre. Son déficit a ainsi bondi de 0,09 milliard de dollars en à près de 11 milliards de dollars au premier trimestre 2015. Résultat, les réserves de change se contractent : 160 milliards en mars 2015 contre 179 en mars 2014.
La conséquence sur le budget de l’Etat de la chute des prix du pétrole, donc des recettes, est évidente : à dépenses constantes, le déficit se creuse. Dans ces conditions, soit le gouvernement mène une politique d’austérité consistant à réduire drastiquement les dépenses publiques, sociales en particulier, pour rééquilibrer le budget, soit l’Algérie ne modifie pas la structure de son budget et puise dans ses réserves pour palier le choc externe résultant de la baisse conjoncturelle des recettes. Le gouvernement d’Abdelmalek Sellal se refuse à conduire une politique d’austérité, en dépit de plusieurs tentatives de réduire, de façon marginale, quelques postes de dépenses, sans cependant toucher à l’essentiel, pour l’instant : les dépenses de santé, d’éducation, militaires, dans un contexte social explosif et un environnement régional menaçant. Il n’y a qu’un seul recours, alors : puiser dans les réserves pour palier le déficit. C’est ce que fait le gouvernement en utilisant le FRR (fonds de régulation des recettes) pour limiter l’impact de la chute des recettes.
Une autre politique existe cependant. Elle ne consiste ni en une politique d’austérité ni en une gestion à courte vue d’un déficit budgétaire qui, compte tenu des prévisions de plusieurs institutions internationales, va continuer à se creuser. L’Agence internationale de l’énergie indique ainsi dans un récent rapport que le prix plancher – le « point bas » – du pétrole n’a pas encore été atteint. Compte tenu du contexte mondial marqué par un ralentissement de la demande mondial et le refus de plusieurs pays de l’OPEP, Arabie saoudite en tête, de réduire la production pour faire remonter les prix, ces derniers vont vraisemblablement continuer à diminuer. Dans ces conditions, la seule politique viable tient en un mot : diversification, d’urgence. L’Algérie doit impérativement, enfin, diversifier son économie et ses sources de financement, réduire cette dépendance extrême au pétrole, et aux hydrocarbures en général, gaz de schiste compris, qui la soumet à des fluctuations de marché que sa faible résilience n’est pas en mesure de supporter. En finir avec une économie de rente aussi rigide que l’économie algérienne ne se fait pas du jour au lendemain, mais des mesures d’urgence peuvent être prises sans tarder : assouplir substantiellement la réglementation sur les investissements – étrangers et domestiques, soutenir grâce aux crédits de l’Ansej, par exemple, les investissements productifs, développer l’agriculture et encourager les initiatives privées, favoriser le tourisme en faisant venir des investisseurs étrangers, assouplir graduellement le contrôle de change, etc. Ces mesures sont connues et elles sont préconisées depuis des lustres par une écrasante majorité d’économistes. Elles sont aujourd’hui plus nécessaires que jamais.
L’économie algérienne est une économie hors du monde, anachronique. Très peu insérée dans la mondialisation, sa structure n’a finalement que très peu changé depuis 30 ou 40 ans. C’est une économie de rente qu’a peu à peu gangréné la fameuse « maladie hollandaise ». Mais pour mettre en œuvre une telle politique consistant, au fond, à changer de voie, ou du moins à en choisir une, il faut sortir de l’attentisme, du court-termisme, de l’a-peu-prèisme. Il faut une volonté politique. C’est sans doute cela, aujourd’hui, qui fait hélas le plus défaut.
Entièrement d’accord avec vous M. Amellal. L’économie algérienne est constituée exclusivement de la rente pétrolière, donc, c’est une économie basée sur un seul domaine qui est l’hydrocarbure. Or, quand ce domaine rencontre des problèmes alors c’est toute l’économie nationale qui est en crise! Cela dit, il faut absolument diversifier l’économie et avoir plusieurs secteurs clés qui permettent l’entrée des devises afin d’avoir une bonne assise économique bien solide. Cependant, je rêve trop je sais… En effet, car pour construire une économie solide, il faut prendre des décisions fermes, entreprendre des changements et imposer des réformes… Or, chez nous il y’a un régime corrompu, des politiques faibles et opportunistes à l’image de notre président.. Une espèce de mort vivant dont j’ai du mal à cerner l’objectif, est-ce que la finalité est de survivre et rester en vie ou bien, l’ambition est de construire le pays et développer son économie.. Tharwi thebarwi :s