Colloque sur la cyberhaine à l’Assemblée nationale : pour un observatoire de la haine en ligne

Jeudi 21 mars, la députée Laetitia Avia a organisé un colloque sur la cyberhaine à la présidence de l’Assemblée nationale où elle a exposé les grandes lignes de la proposition de loi qu’elle va porter sur la base des recommandations de notre rapport remis au Premier ministre en septembre 2018.

Aux côtés de Mounir Mahjoubi et de plusieurs députés LREM, mais également de très nombreux acteurs associatifs engagés depuis longtemps dans ce combat, j’ai souhaité revenir sur l’une des propositions que nous avons inscrites dans le rapport sur la création d’un observatoire de la cyberhaine.

colloque

Pourquoi un observatoire ?

Parce que de ce fléau qu’est la haine en ligne, au fond, nous ne savons pratiquement rien. Nous n’avons aucun chiffre fiable, et à ce jour très peu d’études sérieuses seulement. Faute d’une connaissance suffisamment fine de ce phénomène, de sa densité, de ses mécanismes de propagation, nous sommes dans l’incapacité de l’objectiver, donc de le combattre efficacement.

La récente tragédie de Christchurch nous a montré, une fois de plus, à quel point nous étions démunis face aux mutations de la haine en ligne, à la façon dont celle -ci, s’agissant en particulier de la propagande des discours de haine d’extrême droite, suprémacistes, se déploie sur les réseaux sociaux, mais aussi sur des espaces plus confidentiels, comme le forum 8chan, qui jouent un rôle important dans sa propagation. Quid aussi de l’effet des algorithmes, de ce qu’on appelle les « bulles de filtre », ou encore de la détection par des méthodes d’IA, de la violence dans les vidéos ? Ce sont là quelques sujets précis, concrets, essentiels, parmi beaucoup d’autres sur lesquels nous devons disposer d’études et de chiffres.

L’observatoire de la cyberhaine que j’appelle de mes voeux aurait pour principales missions :

a) de développer des outils de mesure – une sorte de « baromètre » par exemple – permettant d’appréhender les différentes manifestations de la haine en ligne sur les principales plateformes ;

b) d’identifier, chaque moi par exemple, les grandes tendances de la cyberhaine, en étudiant la façon dont elles se sont constituées, dont elles ont circulé, dont leurs « discours » se sont construits ;

c) de diffuser des analyses – qualitatives et quantitatives – sur des sujets précis, des thématiques précises, par exemple le sport et le racisme à l’approche des JO.

Cet observatoire réunirait les pouvoirs publics (le CIPDR, la Dilcrah, etc.), des acteurs associatifs engagés sur le sujet, les plateformes bien sûr, qui pourraient du reste contribuer à son financement, et une ou plusieurs universités, comme Sciences Po.

La cyberhaine est un phénomène nouveau, aux conséquences dramatiques, mais que nous connaissons peu. Or je  crois fermement qu’on ne combat bien que ce qu’on connait bien.

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